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One thousand guests

C'est au fil de discussions interminables avec un ami indien et sa femme que j'ai réalisé l'impact du mariage sur la société indienne. J'ai décidé d'y consacrer un travail photographique ces cinq dernières années. La cérémonie, qui n'est que la partie la plus visible de ce phénomène, régit et bouleverse le destin de millions d'Indiens et encore plus, d'Indiennes. L'Inde est à présent clairement partagée entre ses métropoles où la modernité provoque un assouplissement de certaines règles et les régions rurales encore empreintes de traditions séculaires et vivaces. Malgré tout, ces traditions persistent partout de façon plus ou moins marquée. La grande majorité des mariages sont arrangés. Les futurs époux ne se connaissent pas ou peu, la modernité en la matière consiste à leur permettre de rapides entrevues mais qu'en est-il vraiment ? La sexualité avant le mariage est quasi-inexistante, avec le lot de frustrations que cela peut engendrer et les jeunes Indiens en quête de premières expériences ont recours à la prostitution. Le mariage amène indubitablement à aborder le sujet des castes et, de manière sous-jacente, celui des mariages inter castes, toujours problématiques (sans parler de mariage interconfessionnel). Les castes déterminent la plupart des règles propres au mariage. Une des questions fondamentales et certainement la plus épineuse de toutes, la dot, qui pèse financièrement sur les familles devant marier leurs filles. Il faut également y ajouter le coût exorbitant de la cérémonie, qui peut s'élever au revenu annuel d'une famille. Le poids de la dot a engendré un déséquilibre démographique impressionnant : en 2001 il ne naissait que 927 filles pour 1 000 garçons. Il manquerait 50 millions de femmes et les Indiens sont contraints de chercher des épouses dans les pays avoisinants. Les échographies pour déterminer le sexe de l'enfant sont théoriquement interdites mais c'est en réalité un marché florissant pour les cliniques privées. Les avortements sélectifs et, dans une moindre mesure depuis la généralisation des échographies, les infanticides restent monnaie courante. On peut espérer que la pénurie grandissante de femmes mettra un frein au problème de la dot. Après leur mariage, de nombreuses épouses sont victimes d'agression ou de meurtre par leur mari ou leur belle-famille non satisfaits par le contenu de la dot. On appelle cela communément les « dowry cases ». Le mariage des enfants est encore très fréquent dans certaines régions, notamment au Rajasthan. Au delà de la cérémonie fastueuse, on constate que le mariage en Inde est une institution qui soulève de nombreuses questions de société.

Sujet réalisé de 2005 à 2009 en Inde.


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